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Levada Nova Ponta do Sol : décryptage du paysage caché derrière le sentier

Image pour levada nova ponta do sol

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À première vue, la levada Nova de Ponta do Sol ressemble à beaucoup d’autres canaux d’irrigation de Madère : un étroit sentier longeant un ruban d’eau, accroché au flanc de la montagne. Pourtant, derrière ce tracé apparemment simple se cache un paysage beaucoup plus complexe, où s’entremêlent ingénierie traditionnelle, microclimats, terrasses agricoles et points de vue vertigineux sur la côte sud de l’île.

Comprendre la levada Nova de Ponta do Sol avant de chausser ses chaussures

Une levada emblématique du versant sud de Madère

Située sur la côte sud-ouest de Madère, la levada Nova de Ponta do Sol domine l’un des villages les plus ensoleillés de l’île. La région de Ponta do Sol bénéficie d’un microclimat particulièrement doux, favorable aussi bien aux cultures qu’aux randonnées presque toute l’année. Marcher le long de cette levada, c’est suivre la ligne de partage entre le monde agricole traditionnel et la nature plus sauvage qui remonte vers le cœur montagneux de l’île.

Cette levada appartient au réseau très étendu de canaux creusés dès le XVIe siècle pour acheminer l’eau des régions humides du nord et des hauteurs vers les pentes plus sèches du sud. Le sentier que vous parcourez aujourd’hui était autrefois un accès technique réservé aux levadeiros, ces gardiens chargés de l’entretien et de la répartition de l’eau.

Niveau de difficulté et profil du sentier

La levada Nova de Ponta do Sol est souvent classée de facile à modéré, mais cette appréciation peut être trompeuse si l’on ne tient pas compte de certains points spécifiques :

Le chemin ne présente pas de grandes difficultés techniques, mais nécessite de rester concentré, surtout dans les passages étroits ou près des tunnels. Le port de chaussures de randonnée fermées avec une bonne accroche est fortement recommandé.

Accès, durée et meilleur moment pour partir

On rejoint généralement la levada Nova de Ponta do Sol en voiture ou en bus, depuis Funchal ou les autres villages de la côte sud. Plusieurs points d’accès existent, certains plus directs que d’autres, avec parfois un petit chemin d’approche à travers les cultures ou les ruelles d’un hameau.

Pour préparer plus finement votre sortie, points de départ, cartes et variantes d’itinéraire sont détaillés dans notre dossier complet sur cette randonnée à la levada Nova de Ponta do Sol, avec des informations mises à jour régulièrement.

Ce que le sentier laisse entrevoir : la “façade” visible de la levada

Une marche suspendue entre océan et ravins

Les premiers mètres donnent souvent le ton : un sentier étroit, bordé par le canal, domine une vallée profonde où alternent bananeraies, toits de tuiles rouges et patchwork de terrasses. Le regard est immédiatement attiré vers l’océan, qui s’ouvre au loin, d’un bleu intense. Par temps clair, la ligne d’horizon semble se fondre dans le ciel, offrant ce sentiment caractéristique de Madère d’être au bord d’un continent suspendu au-dessus de l’Atlantique.

Au fil de la marche, le paysage se resserre. On quitte progressivement les abords les plus urbanisés pour pénétrer dans un univers plus rural, où les maisons deviennent plus rares et les cultures grimpent sur des pentes inimaginables. La levada devient alors un fil conducteur qui relie les différents niveaux de la montagne, comme si elle cousait entre elles les strates de la vallée.

Les cultures en terrasses : une leçon de géométrie madérienne

Les terrasses agricoles – les fameux poios – sont l’un des éléments les plus marquants du paysage. Elles ne sont pas seulement photogéniques : elles racontent plusieurs siècles de travail acharné pour domestiquer ces pentes abruptes. Vue depuis le sentier, cette mosaïque de parcelles dessine une géométrie complexe :

Chaque terrasse est retenue par un muret de pierres sèches, une technique ancestrale qui permet de stabiliser le sol et de gérer au mieux l’eau apportée par la levada. En observant attentivement, on aperçoit parfois de petites rigoles secondaires descendant des canaux principaux vers les cultures, preuve que l’eau est ici une ressource précieuse, soigneusement distribuée.

Les points de vue clés le long du parcours

Plusieurs secteurs de la levada Nova de Ponta do Sol offrent des panoramas particulièrement spectaculaires :

Ces contrastes rapides entre lumière et ombre, entre ouverture sur la mer et replis de ravins encaissés, font tout l’intérêt de l’itinéraire. Ils permettent de saisir la grande diversité de paysages qu’offre la seule région de Ponta do Sol.

Le paysage caché derrière le sentier : ce que la levada raconte en silence

L’ingénierie invisible des levadas

Si la levada Nova semble suivre docilement la courbe de la montagne, son tracé résulte en réalité d’un calcul minutieux. La pente doit être suffisamment faible pour que l’eau circule lentement, sans éroder les parois, mais assez marquée pour éviter les stagnations :

Pour le randonneur, ces choix techniques se traduisent par une alternance de passages ouverts et de portions “cachées”. Lorsqu’on traverse un tunnel, l’on suit en fait la logique de l’eau, qui emprunte le chemin le plus sûr à long terme, même si ce n’est pas le plus direct en surface.

Les tunnels et passages creusés dans la roche

Plusieurs tronçons de la levada Nova comportent des petits tunnels ou des encorbellements creusés dans la roche. Ils ajoutent une dimension quasi souterraine au parcours :

Ces tunnels ne sont pas de simples curiosités : ils témoignent d’un énorme travail à la pioche et au burin, réalisé à une époque où les moyens mécaniques étaient quasi inexistants. En imaginant les levadeiros progresser dans l’obscurité, on perçoit mieux la dimension humaine cachée derrière ce paysage d’apparence paisible.

Un corridor de biodiversité discret

La levada n’achemine pas que de l’eau : elle transporte aussi de la vie. Le long du canal, la végétation se développe de manière plus dense que sur les pentes sèches voisines. Ce ruban humide forme un véritable corridor de biodiversité :

En prenant le temps d’observer calmement, surtout dans les sections les plus calmes éloignées des villages, on découvre un paysage beaucoup plus vivant qu’il n’y paraît. Le murmure de l’eau masque parfois les bruits discrets de cette faune, mais une pause silencieuse suffit souvent à les révéler.

Le paysage sonore : l’autre relief de la levada

Derrière l’image, la levada Nova de Ponta do Sol offre un paysage sonore tout aussi riche. Au départ, dominent les bruits du village : voitures lointaines, voix, aboiements. Peu à peu, ces sons laissent place à un univers plus naturel :

Ce paysage sonore évolue au cours de la journée et selon la météo. Par temps de pluie ou après un épisode humide, le débit peut augmenter, rendant la présence de l’eau plus spectaculaire, voire bouillonnante dans certains rétrécissements.

Lire le territoire à travers la levada : culture, histoire et usages

La levada comme colonne vertébrale de la vie rurale

La levada Nova de Ponta do Sol n’est pas un simple itinéraire de randonnée ; c’est, pour les habitants, un axe de circulation et une ressource vitale. En la longeant, on entrevoit des scènes de la vie quotidienne :

Chaque détail – un escalier abrupt, une porte en bois dans un mur de pierre, un petit pont rudimentaire – signale un lien entre le canal et la vie des habitants. Le paysage que l’on traverse est à la fois naturel et habité, façonné par des décisions collectives sur l’usage de l’eau.

Les levadeiros, gardiens discrets du paysage

Derrière l’entretien de la levada se cache une figure clé : le levadeiro. Chargé de surveiller le bon fonctionnement du canal, de gérer la répartition de l’eau et de signaler les problèmes (fuites, éboulements, végétation envahissante), il est le garant de la pérennité de ce paysage :

Pour le visiteur, la présence du levadeiro se devine à des détails : outils posés sur un muret, marques de réparations récentes, petites vannes métalliques au bord du canal. Ces traces rappellent que le sentier n’est pas une simple promenade scénarisée, mais un espace de travail vivant.

La cohabitation entre randonneurs et habitants

Le succès grandissant de la levada Nova auprès des visiteurs implique une cohabitation délicate. Pour préserver l’équilibre, quelques bonnes pratiques permettent à chacun de profiter du lieu sans nuire à ses usages traditionnels :

Cette attitude respectueuse permet de maintenir l’authenticité du paysage et d’éviter que la levada ne se transforme en simple “parc à touristes”. Le charme de la randonnée tient justement à ce mélange subtil entre nature, travail humain et lenteur du canal.

Conseils pratiques pour profiter pleinement du paysage caché

Équipement, sécurité et gestion du vertige

Pour apprécier le paysage sans se laisser surprendre par certaines portions plus délicates, il est conseillé de prendre quelques précautions :

Pour les personnes sujettes au vertige, il peut être utile de :

Moments de la journée et conditions météo idéales

Les conditions lumineuses jouent un rôle majeur dans la perception du paysage. Sur la levada Nova de Ponta do Sol, certains créneaux horaires permettent d’en révéler les multiples facettes :

Par temps couvert, la randonnée reste très intéressante : la lumière diffuse met en valeur les nuances de vert des terrasses et des forêts, et les nuages bas peuvent créer une ambiance mystérieuse dans les sections plus élevées.

Observer, photographier, interpréter

Pour ceux qui souhaitent véritablement “lire” le paysage caché derrière le sentier, quelques habitudes d’observation enrichissent la marche :

Ces petits exercices transforment la randonnée en véritable exploration du territoire, où chaque tournant de sentier offre de nouveaux indices sur la façon dont les habitants ont apprivoisé ce relief abrupt. La levada Nova de Ponta do Sol devient alors plus qu’un itinéraire : un fil conducteur pour comprendre l’intime relation entre Madère, son eau, ses pentes et ceux qui y vivent.

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