Gravir le Pico Ruivo, c’est toucher le toit de Madère et comprendre en un seul regard pourquoi cette île fascine autant les randonneurs. À 1 862 mètres d’altitude, ce sommet est le plus haut de Madère et l’un des plus beaux points de vue de tout l’Atlantique. Mais derrière les photos spectaculaires se cachent des questions très concrètes : par où monter, quel itinéraire choisir entre Pico do Arieiro et Achada do Teixeira, combien de temps prévoir, quelle difficulté réelle, et comment éviter les mauvaises surprises (brouillard, foule, manque d’équipement) ?
Si vous préparez un voyage à Madère, la randonnée jusqu’au Pico Ruivo est souvent présentée comme « incontournable ». Pourtant, toutes les ascensions ne se ressemblent pas : certaines sont accessibles à des marcheurs peu expérimentés, d’autres exigent une bonne condition physique, une habitude des dénivelés et parfois un certain sang-froid sur des sentiers escarpés. Le but de cette page est de vous aider à transformer cette expérience en un moment fort de votre séjour, sans stress inutile.
Sur Madère Info, nous privilégions une approche précise et honnête : pas de promesse de « balade facile » quand il s’agit d’un vrai parcours de montagne, mais des explications claires sur ce qui vous attend, point par point. Vous trouverez ici une présentation détaillée du Pico Ruivo, les différents accès possibles, leurs avantages et inconvénients, des conseils très pratiques (équipement, horaires, météo, navettes, parkings), ainsi que des idées pour intégrer cette randonnée dans un itinéraire plus large à Madère (Funchal, Porto da Cruz, Santana, plateau de Paul da Serra, etc.).
Que vous soyez randonneur régulier ou simple visiteur curieux cherchant à vivre une grande première en montagne, vous pourrez choisir l’itinéraire le plus adapté à votre niveau, à votre emploi du temps et à ce que vous recherchez : lever de soleil au-dessus de la mer de nuages, traversée complète des crêtes entre Pico do Arieiro et Pico Ruivo, accès plus court pour profiter du panorama sans vous épuiser… Cette page a été pensée pour que, une fois sur place, rien ne vous surprenne, à part la beauté du paysage.
Découvrir le Pico Ruivo : le toit de Madère
Le Pico Ruivo n’est pas seulement le point culminant de Madère, c’est aussi un repère géographique et affectif pour les habitants de l’île. Il domine une chaîne de crêtes impressionnantes qui relie le Pico do Arieiro, le Pico das Torres et plusieurs cols escarpés. Au sommet, vous avez l’impression de flotter au-dessus de Madère, avec une vue à 360° sur l’Atlantique, les villages côtiers et le relief tourmenté au centre de l’île.
Situé dans la partie nord-est de Madère, le Pico Ruivo se trouve à peu près à mi-distance entre Funchal et la côte nord, accessible à la fois depuis le Pico do Arieiro (au sud) et depuis Achada do Teixeira (au nord). Cette configuration en fait un véritable carrefour de randonnées : vous pouvez venir depuis différents points, prévoir des traversées ou des aller-retour, et adapter la durée selon votre forme. Pour vous repérer, retenez que :
- Le Pico Ruivo culmine à 1 862 m, c’est donc le sommet le plus haut de Madère.
- Le Pico do Arieiro, son voisin, est le troisième plus haut sommet de l’île (1 818 m) et facilement accessible en voiture.
- Achada do Teixeira, de l’autre côté, est un plateau situé autour de 1 580 m, avec un parking et un accès plus court et plus simple.
Le sommet lui-même est très bien aménagé pour un point aussi isolé : un sentier pavé ou bien marqué, des garde-corps aux endroits les plus exposés, plusieurs plateformes de contemplation et un abri de montagne (refuge) juste en contrebas, où vous pouvez vous reposer, vous protéger du vent ou de la bruine, et parfois acheter une boisson (selon la saison et l’ouverture). Sur le dernier tronçon, le chemin serpente entre des crêtes, parfois étroites, mais toujours sécurisées, et offre des vues spectaculaires sur les vallées de Curral das Freiras et de São Vicente.
L’un des grands atouts du Pico Ruivo est la variété des ambiances selon les heures et la météo. Par matin clair, vous pouvez assister à un lever de soleil d’une intensité rare : la lumière dorée se reflète sur la mer de nuages qui recouvre souvent les vallées basses, tandis que vous restez au-dessus, dans un ciel d’une pureté incroyable. En journée, par temps dégagé, vous apercevez parfois la côte nord et Porto Moniz d’un côté, Funchal et l’aéroport de l’autre. Les nuages jouent souvent avec le relief : ils montent, enveloppent les crêtes, se dissipent, laissant apparaître un versant puis l’autre, ce qui donne une atmosphère presque irréelle.
Mais ce décor sublime ne doit pas faire oublier que l’on reste en haute montagne, même si l’on est sur une île. Les températures peuvent être fraîches, le vent fort, et la météo changer très vite entre Funchal, le Pico do Arieiro et le Pico Ruivo. C’est pourquoi il est essentiel de connaître les itinéraires principaux, leur durée et leur difficulté, pour choisir la façon la plus adaptée d’atteindre le sommet en fonction de votre profil et des conditions du jour.
Choisir son itinéraire vers le Pico Ruivo
Il existe trois grands itinéraires pour atteindre le Pico Ruivo, tous bien balisés mais très différents en termes de durée, de dénivelé et de difficulté. Le choix de votre parcours dépendra de votre expérience en randonnée, du temps dont vous disposez et de ce que vous souhaitez vivre : un effort court pour accéder rapidement au plus beau point de vue de Madère, une traversée mythique de crête depuis le Pico do Arieiro, ou une longue journée de marche depuis l’ouest de l’île.
Depuis Achada do Teixeira : l’option la plus accessible
L’accès le plus populaire, et de loin le plus simple, part d’Achada do Teixeira, sur le versant nord de l’île. Vous rejoignez ce plateau en voiture depuis Santana ou, plus largement, depuis la côte nord entre Porto da Cruz et São Jorge. Une route monte progressivement jusqu’à un grand parking (gratuit), avec quelques cafés et points de départ de sentiers. De là, un chemin pavé mène directement au refuge du Pico Ruivo, puis au sommet.
Caractéristiques principales de cette randonnée :
- Durée aller-retour : environ 2h à 3h, selon votre rythme et le temps passé au sommet.
- Distance : environ 5,6 km aller-retour.
- Dénivelé positif : autour de 260 m, ce qui reste raisonnable.
- Difficulté : modérée, accessible à la plupart des marcheurs en bonne santé.
Le sentier est large, bien entretenu, avec un revêtement en pierres ou en terre tassée, ce qui limite les risques de glissade. Il monte de façon régulière, sans passages vertigineux. C’est la meilleure option si vous voyagez avec des enfants, si vous avez peu d’expérience en randonnée ou si vous voulez simplement profiter du Pico Ruivo sans vous engager sur un itinéraire exigeant. Prévoyez malgré tout des chaussures adaptées, car les pierres peuvent être humides ou irrégulières.
Depuis le Pico do Arieiro : la traversée mythique des crêtes
L’itinéraire le plus célèbre pour atteindre Pico Ruivo part du Pico do Arieiro. Cette traversée, souvent appelée PR1 (Pico do Arieiro – Pico Ruivo), est considérée comme l’une des plus belles randonnées de Madère, mais aussi l’une des plus physiques. Ici, on n’est plus dans une simple promenade : le sentier suit les crêtes, descend dans les vallées, remonte des escaliers taillés dans la roche, traverse des tunnels, avec une alternance de montées et de descentes parfois raides.
Repères pour cette traversée :
- Durée : 3h à 4h dans un sens pour un marcheur entraîné ; 6h à 8h aller-retour.
- Distance : environ 7 km dans un sens, mais avec de forts dénivelés cumulés.
- Difficulté : soutenue, réservée aux randonneurs en bonne condition physique.
Ce parcours est célèbre pour ses panoramas spectaculaires : à de nombreux points, vous marchez sur une ligne de crête avec des précipices de part et d’autre (toujours protégés par des barrières). Les points les plus exposés peuvent impressionner les personnes sujettes au vertige, même si le chemin est sécurisé. Il est possible de faire uniquement l’aller, par exemple en partant très tôt du Pico do Arieiro, en atteignant Pico Ruivo puis en redescendant vers Achada do Teixeira, à condition d’avoir organisé un transfert de voiture ou un taxi à l’arrivée. Cette option permet de vivre l’intégralité de la traversée sans devoir revenir sur vos pas.
Depuis l’ouest de l’île : les variantes longues
Pour les marcheurs plus expérimentés, il existe des itinéraires plus longs qui rejoignent le massif du Pico Ruivo depuis l’ouest, souvent via Encumeada ou le plateau de Paul da Serra. Ces randonnées peuvent dépasser 15 km, avec des dénivelés importants, et se destinent clairement à des personnes habituées aux longues journées en montagne. Elles permettent de traverser des paysages très variés : forêts laurifères, zones plus arides, anciennes levadas, avant de déboucher sur les crêtes centrales.
Ces parcours sont moins fréquentés que la classique Pico do Arieiro – Pico Ruivo et que l’accès depuis Achada do Teixeira. Ils demandent une bonne préparation : étude du tracé, autonomie en eau et nourriture, vérification de la météo sur toute la durée. Ils sont intéressants si vous restez plusieurs jours à Madère, que vous logez par exemple dans l’ouest (Ribeira Brava, Ponta do Sol, Porto Moniz) et que vous souhaitez faire du Pico Ruivo l’apothéose d’une traversée de l’île. Dans ce cas, il est judicieux d’utiliser des cartes précises ou une application GPS de randonnée, car les variantes sont nombreuses.
Quel que soit l’itinéraire choisi, gardez en tête un point essentiel : à Madère, le temps indiqué sur les panneaux et les brochures est souvent optimiste. Il vaut mieux prévoir large, partir tôt, et vous laisser du temps pour profiter des points de vue plutôt que de marcher dans l’urgence. Le Pico Ruivo n’est pas un sommet à « cocher » sur une liste : c’est un moment à vivre pleinement, avec l’espace suffisant pour vous émerveiller et rester prudent.
Préparation et sécurité pour la randonnée au Pico Ruivo
La randonnée jusqu’au Pico Ruivo est accessible, mais elle se déroule en environnement de montagne, avec tous les aléas que cela comporte. Une bonne préparation est la clé pour que cette expérience reste un plaisir. Les règles de base sont simples, mais encore faut-il les appliquer : vérifier la météo, choisir un équipement adapté, prévoir assez d’eau, savoir renoncer en cas de conditions défavorables.
Le premier point à anticiper est la météo. Sur Madère, la différence de temps entre la côte (Funchal, Câmara de Lobos, Porto da Cruz) et les sommets est parfois spectaculaire. Vous pouvez quitter votre hébergement sous un soleil franc et trouver du brouillard dense ou un vent violent au Pico do Arieiro ou à Achada do Teixeira. Avant de partir, consultez les prévisions spécifiques pour la zone montagneuse (sites météo locaux, webcams du Pico do Arieiro, applications spécialisées). Un ciel complètement bouché enlèvera beaucoup d’intérêt à la randonnée, puisque le principal attrait du Pico Ruivo reste la vue. En cas de pluie annoncée ou de vent fort, il est plus raisonnable de reporter.
Côté équipement, même si vous partez pour l’itinéraire le plus court, adoptez le réflexe « vraie randonnée » :
- Chaussures de marche avec bonne semelle (évitez les simples baskets plates).
- Couches de vêtements superposables (t-shirt, polaire, coupe-vent ou veste imperméable).
- Casquette ou bonnet selon la saison, et lunettes de soleil.
- Sac à dos avec au minimum 1,5 litre d’eau par personne pour un aller-retour court (plus pour la traversée Arieiro – Ruivo).
- Encas énergétiques : fruits secs, barres de céréales, sandwichs.
La température peut être fraîche, même en été, surtout au lever du jour ou lorsque le vent se renforce au sommet. En hiver, il arrive que les crêtes soient légèrement enneigées ou gelées. Dans ces conditions, le parcours reste en principe fermé ou fortement déconseillé. Renseignez-vous sur place auprès de l’office du tourisme ou des locaux si vous voyagez entre novembre et février.
Sur le plan de la sécurité, les sentiers principaux vers Pico Ruivo sont bien balisés et munis de barrières aux points exposés. Toutefois, quelques précautions simples font la différence :
- Évitez de quitter le sentier, même pour une photo : le terrain est raide et instable.
- Ne vous asseyez pas trop près du bord, surtout lorsque les nuages masquent la profondeur des vallées.
- Sur la traversée depuis le Pico do Arieiro, gérez votre effort : les multiples montées et descentes peuvent surprendre, surtout au retour.
- Emportez une petite lampe frontale si vous risquez de finir tard ou si vous traversez les tunnels entre Arieiro et Ruivo.
Enfin, pensez à la logistique. Si vous faites un aller simple entre Pico do Arieiro et Achada do Teixeira, il faudra organiser un transfert. Des taxis locaux peuvent vous prendre au point d’arrivée pour vous ramener à votre voiture, mais il est préférable de réserver ou d’échanger avec un chauffeur à l’avance, notamment en haute saison. Autre option : utiliser une agence qui propose un transfert aller-retour avec dépôt à l’un des deux points, ce qui vous laisse marcher sans contrainte.
Pour une expérience plus sereine, évitez autant que possible les grandes affluences. Les excursions organisées depuis Funchal et les croisières peuvent rendre les parkings du Pico do Arieiro très chargés en milieu de matinée. Partir tôt (avant 8h) ou plus tard dans l’après-midi permet souvent d’échapper au gros du flux. Vous profiterez d’une atmosphère plus paisible au sommet et sur le sentier, avec moins de bouchons dans les passages étroits.
Les meilleurs moments et conditions pour profiter du sommet
Le Pico Ruivo est accessible toute l’année, mais toutes les périodes et toutes les heures du jour ne se valent pas pour profiter pleinement de ce sommet mythique de Madère. Entre la météo, la luminosité, la fréquentation et votre propre rythme de voyage, choisir le bon moment peut transformer votre montée en véritable expérience inoubliable.
Sur le plan saisonnier, la période la plus favorable s’étend globalement d’avril à octobre. Le printemps (avril-mai) offre souvent un bon équilibre : températures modérées, végétation verdoyante, affluence encore raisonnable. L’été (juin-septembre) garantit des journées plus longues et une météo plus stable, mais aussi davantage de monde, surtout lors des vacances scolaires européennes. L’automne (octobre-début novembre) reste propice, avec parfois des couleurs plus douces et moins de visiteurs. En hiver, les randonnées restent faisables, mais la probabilité de pluie, de brouillard épais ou de vent fort augmente nettement.
Au-delà de la saison, l’heure de la journée est cruciale. Deux créneaux se détachent :
- Le lever de soleil : moment privilégié pour ceux qui ne craignent pas de se lever très tôt. Depuis Achada do Teixeira, certains partent dans la nuit, lampe frontale sur la tête, pour arriver au sommet juste avant l’aube. Voir le soleil émerger au-dessus d’une mer de nuages est une expérience très forte. Il faut toutefois être particulièrement prudent sur le chemin dans l’obscurité et bien se couvrir.
- La fin d’après-midi : lumière plus douce, couleurs dorées sur les crêtes, affluence en baisse après le départ des groupes. Attention en revanche à la durée du trajet : assurez-vous de disposer de suffisamment de temps pour revenir au parking avant la nuit, ou prévoyez une lampe frontale.
La météo joue un rôle majeur. Le scénario idéal pour le Pico Ruivo, c’est un ciel dégagé sur les sommets, avec éventuellement une couche de nuages plus bas dans les vallées. Dans ce cas, vous avez l’impression de flotter au-dessus d’un océan de coton, avec les crêtes qui émergent comme des îlots. Mais Madère est une île volcanique soumise à des microclimats : il est fréquent que les prévisions se trompent, ou que les conditions évoluent en quelques heures.
Quelques conseils pratiques pour optimiser vos chances :
- Consultez les webcams du Pico do Arieiro tôt le matin lorsque c’est possible : elles donnent un bon aperçu de la situation sur les crêtes.
- Ne vous fiez pas uniquement au ciel de Funchal ou de Porto Moniz : il peut faire grand beau en bas et être complètement couvert en haut, ou l’inverse.
- Si vous voyez que les nuages se forment vite en milieu de matinée, privilégiez un départ tôt pour profiter du meilleur créneau de visibilité.
La fréquentation est un autre point à prendre en compte. L’accès court depuis Achada do Teixeira attire nombre de visiteurs, surtout ceux qui disposent d’une voiture de location et désirent « faire le plus haut sommet de Madère » sans grande préparation. Pour éviter les embouteillages au sommet et sur le sentier, essayez :
- De partir avant 8h, même en haute saison.
- Ou au contraire, de viser un départ vers 15-16h si les jours sont longs, pour profiter d’une ambiance plus calme.
Sur la traversée Pico do Arieiro – Pico Ruivo, le flux est plus étalé dans le temps, mais certains passages étroits peuvent se transformer en petits points de blocage lorsque des groupes importants circulent. Partir aux premières heures permet non seulement d’éviter la chaleur et la foule, mais aussi d’avoir une marge de sécurité pour le retour.
Enfin, gardez à l’esprit que le Pico Ruivo peut aussi être touché par le « white-out », cette situation où le brouillard est tellement dense que la visibilité est très réduite. Même si le sentier est balisé, la vue est alors complètement masquée, et l’expérience perd l’essentiel de son intérêt. Si, en arrivant à Achada do Teixeira ou au Pico do Arieiro, vous vous retrouvez dans un nuage opaque, il peut être judicieux de modifier vos plans pour la journée et de tenter à nouveau un autre jour, plutôt que de forcer une montée sans paysage.
Ce que vous verrez : paysages, faune, flore et points de vue
Le Pico Ruivo n’est pas seulement une affaire d’altitude ou de performance sportive. Toute la randonnée, que vous veniez d’Achada do Teixeira, du Pico do Arieiro ou de l’ouest, est une succession de panoramas, de micro-ambiances et de rencontres avec la nature de Madère. Comprendre ce que vous allez voir vous permet d’apprécier encore plus chaque étape et de reconnaître certains éléments de la culture et du paysage de l’île.
Dès les premiers mètres, vous êtes plongé dans un univers minéral et aérien. Les sentiers serpentent souvent sur des arêtes, avec des ravins très profonds de part et d’autre. Ces vallées, en contrebas, sont parfois occupées par de petits villages isolés, comme Curral das Freiras, niché dans un cirque montagneux impressionnant. Depuis certains points, vous apercevez des terrasses cultivées accrochées aux pentes, des levadas (canaux d’irrigation) et des routes improbables qui desservent ces lieux.
La flore est marquée par l’altitude et les conditions climatiques rudes. Plus vous montez, plus les arbres se raréfient, laissant la place à une végétation basse, composée de bruyères, de genêts, de lichens. Au printemps, les pentes se parent de touches de couleur : petites fleurs jaunes, blanches ou violettes qui s’accrochent aux rocailles. Quelques vestiges de la forêt laurifère (laurissilva), classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, subsistent sur certains versants plus abrités.
Côté faune, vous croiserez certainement des oiseaux typiques de Madère : pipits, pinsons, parfois le bis-bis, petit oiseau emblématique de l’île. Avec un peu de chance et beaucoup de discrétion, certains randonneurs observent des rapaces survolant les crêtes, profitant des courants ascendants. Les insectes pollinisateurs, eux, sont omniprésents au printemps et en été. Veillez simplement à respecter la règle d’or : ne pas déranger la faune, ne pas nourrir les animaux, et rester sur le sentier pour préserver les milieux fragiles.
Au fur et à mesure de l’ascension, les points de vue se multiplient. Il n’y a pas un seul « point de vue de Pico Ruivo », mais une multitude de belvédères naturels ou aménagés. Sur le chemin venant du Pico do Arieiro, vous traversez des tunnels percés dans la roche avant de ressortir sur des vires étroites, où la vue plonge sur des vallées profondes envahies de nuages. Sur l’itinéraire depuis Achada do Teixeira, les panoramas se dévoilent progressivement, jusqu’à un col où vous commencez à apercevoir à la fois la façade nord et la façade sud de l’île.
Arrivé près du refuge du Pico Ruivo, vous êtes déjà entouré de plusieurs plateformes naturelles. Le sommet final se gagne par un dernier effort, un escalier bien aménagé qui serpente jusqu’à la cime. Là, une grande plateforme d’observation vous permet de tourner sur vous-même et d’embrasser tout Madère. Par temps clair, vous distinguerez :
- Au sud : la zone de Funchal, la silhouette de la côte, et parfois l’aéroport.
- Au nord : les vallées descendant vers São Vicente, Santana, Porto da Cruz.
- À l’ouest : les reliefs plus arrondis du plateau de Paul da Serra.
- À l’est : les crêtes menant vers le Pico do Arieiro et la pointe de São Lourenço au loin.
Un détail important : la perception de ces paysages change complètement selon la présence des nuages. Un jour, vous verrez clairement la mer et les villages côtiers ; un autre jour, tout ce qui se trouve sous 1 200 ou 1 400 m sera noyé sous une couche épaisse de nuages, ne laissant émerger que les plus hauts sommets. Cette variabilité fait partie du charme de Madère. Deux visites successives au Pico Ruivo peuvent donner l’impression de deux lieux différents.
Enfin, n’oubliez pas que ce sommet est aussi un lieu de contemplation et de sérénité. Malgré la fréquentation, il est toujours possible de trouver un recoin un peu à l’écart, surtout en dehors des heures de pointe. Asseyez-vous quelques minutes, regardez les nuages évoluer, écoutez le vent et les cris lointains des oiseaux. C’est là que l’on comprend pourquoi tant de visiteurs décrivent cette montée comme l’un des moments les plus marquants de leur séjour à Madère.
Intégrer le Pico Ruivo dans votre voyage à Madère
La randonnée au Pico Ruivo ne doit pas être pensée isolément : elle s’intègre naturellement dans un séjour plus large à Madère, que vous logiez à Funchal, à l’ouest de l’île ou sur la côte nord, vers Porto da Cruz, Santana ou São Vicente. Bien planifier cette journée vous permettra d’optimiser vos déplacements, de limiter les temps de route et de combiner plusieurs points d’intérêt.
Si vous séjournez à Funchal ou dans ses environs immédiats (Câmara de Lobos, Caniço), le choix le plus simple est souvent de rejoindre le Pico do Arieiro en voiture de bonne heure le matin. La route monte en lacets à partir de Funchal et vous dépose directement au parking du Pico do Arieiro, où vous pouvez soit profiter du point de vue sans randonner, soit entamer la traversée vers le Pico Ruivo. Dans ce cas, prévoyez une journée complète, surtout si vous faites l’aller-retour. De retour à Funchal en fin de journée, vous apprécierez une soirée calme pour récupérer (et peut-être une poncha bien méritée).
Pour ceux qui logent sur la côte nord, par exemple à Porto da Cruz, Santana, Faial ou São Jorge, l’accès le plus logique est Achada do Teixeira. Depuis ces villages, la route est relativement courte, et vous pouvez facilement combiner la montée au Pico Ruivo avec la visite d’un village traditionnel ou d’une levada. Par exemple :
- Matin : randonnée Achada do Teixeira – Pico Ruivo – retour à Achada do Teixeira.
- Après-midi : visite de Santana (maisons traditionnelles) ou détente à Porto da Cruz (plage, piscines, distillerie de rhum).
Si vous séjournez plus à l’ouest (Ribeira Brava, Ponta do Sol, Calheta, Porto Moniz), vous avez deux options : soit vous acceptez un temps de route un peu plus long pour rejoindre le Pico do Arieiro ou Achada do Teixeira, soit vous intégrez le Pico Ruivo dans une journée de traversée de l’île, par exemple en passant par Encumeada ou Paul da Serra. Dans ce cas, il peut être intéressant de prévoir un hébergement d’une nuit côté nord ou à Funchal pour ne pas multiplier les allers-retours.
Sur le plan logistique, prenez aussi en compte le stationnement. Les parkings du Pico do Arieiro et d’Achada do Teixeira sont gratuits, mais leur capacité est limitée par rapport au nombre de visiteurs en haute saison. Arriver tôt le matin reste le meilleur moyen de se garer près du départ du sentier. En cas de saturation, des voitures se garent parfois le long de la route, ce qui peut rallonger la marche d’approche et compliquer les manœuvres.
Une autre possibilité consiste à utiliser les services d’une agence locale de randonnée ou d’un chauffeur privé. Plusieurs compagnies basées à Funchal ou sur la côte nord proposent des transferts vers le Pico do Arieiro, Achada do Teixeira ou les deux, avec parfois un guide accompagnateur. Cette formule est pratique si vous ne souhaitez pas conduire dans les routes de montagne ou si vous voulez faire une traversée en sens unique (par exemple Pico do Arieiro – Pico Ruivo – Achada do Teixeira) sans vous préoccuper de la récupération de votre voiture.
Enfin, pensez à votre rythme global de voyage. Monter au plus haut sommet de Madère représente un effort physique, même en choisissant l’itinéraire le plus court. Évitez de programmer le Pico Ruivo le lendemain d’une grosse randonnée exigeante (par exemple une longue levada ou la descente de Curral das Freiras) ou juste avant un vol de retour. Il est parfois plus judicieux d’alterner : une journée au sommet, une journée plus calme au bord de la mer ou dans les villages, pour profiter à la fois de la montagne et de l’ambiance côtière.
En combinant le Pico Ruivo avec d’autres sites forts – la Ponta de São Lourenço, les piscines naturelles de Porto Moniz, les levadas de Caldeirão Verde ou 25 Fontes, la vieille ville de Funchal – vous construirez un itinéraire équilibré, qui vous fera découvrir toutes les facettes de Madère : ses sommets, ses forêts, ses falaises et ses traditions. Le Pico Ruivo deviendra alors non pas un objectif isolé, mais l’un des grands moments d’un voyage cohérent et mémorable.

